Que regarde t-elle sur son écran ? Est-ce la nuit ? Est-ce le jour ?

Est-ce la nuit ? Est-ce le jour ?

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Est-ce la nuit ? Est-ce le jour ?

«Longtemps, longtemps avant que le sommeil ait disparu, les enfants dormaient profondément dans leur lit.» (1)

 

Cette complainte sera peut-être celle qui racontera notre début de siècle, tant le sommeil des jeunes adultes et des enfants est en train d’être bouleversé à grande vitesse à l’heure du numérique. En effet, près d’un jeune Francilien sur cinq est insomniaque chronique et plus d’un sur quatre est en dette de sommeil. Près de 10 % des jeunes adultes prennent des somnifères.

 

L’émergence ultra-rapide des technologies numériques dans nos comportements a trouvé dans la période propice du sommeil un point faible pour agir. En effet, isolés dans nos chambres, avec un agenda calme et sans tâche précise à accomplir, nous sommes très vulnérables à la séduction de nos smartphones, tablettes et autres écrans qui envahissent déjà le quotidien de nos journées. La qualité grandissante des transmissions internet et la baisse des coûts expliquent aussi combien nos nuits sont raccourcies par l’usage croissant des écrans. Même les patients venant dormir au centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (APHP-Université de Paris) passent souvent du temps sur leurs écrans au milieu de la nuit alors même qu’ils se plaignent d’un mauvais sommeil !

 

Il est aujourd’hui temps de réagir, d’informer et de protéger les plus fragiles devant ce risque. Car le manque de sommeil n’est pas une fatalité.
Il est possible de se déconnecter la nuit pour profiter des bienfaits et du plaisir de dormir.
Il est possible d’informer les jeunes adultes sur les effets négatifs du manque de sommeil.
Il est possible d’améliorer la qualité de son sommeil par des traitements comportementaux.

 

Bien que les études s’accordent sur le fait que l’usage excessif des écrans comporte un risque pour le sommeil, le mécanisme par lequel passe cette association n’est pas totalement élucidé. Plusieurs hypothèses sont actuellement émises, évoquant notamment l’effet du déplacement horaire, l’effet de la lumière émise par les écrans ou encore la stimulation psychologique liée au contenu des médias.

 

L’effet du déplacement horaire :

Les recherches suggèrent qu’il peut s’agir d’un mécanisme direct ou indirect. L’effet direct consiste dans le fait que le temps passé sur les écrans remplace le temps que les jeunes devraient passer à dormir. L’effet indirect s’explique par le fait qu’à cause des écrans, les jeunes sacrifient le temps de certaines activités induisant un sommeil adéquat notamment la pratique du sport.

 

L’effet de la lumière émise par les écrans :

Cet effet passerait par la sécrétion de la mélatonine, une hormone impliquée dans la régulation de l’horloge biologique dont la sécrétion est inhibée par la lumière. En effet, la mélatonine est une hormone produite par la glande pinéale la nuit et dans des conditions d'obscurité. Par conséquent, l'exposition à la lumière pendant la nuit affecte sa production. La courte longueur d'onde des lumières bleues (380-495 nm) émises notamment par les écrans des ordinateurs et des téléphones mobiles nuit particulièrement à la production de mélatonine nocturne. Ainsi la suppression de la sécrétion de la mélatonine perturbe le rythme circadien et le sommeil. Contrairement aux autres écrans (ordinateur, télévision, etc.), les téléphones, plus faciles à porter, s’utilisent au plus près des yeux, avec probablement plus d’effet sur la production de la mélatonine, ce qui explique que l’effet négatif des téléphones portables sur le sommeil soit plus marqué comparé à celui des autres DEDC. Une étude expérimentale a même montré que l’émission de lumière bleue par les smartphones diminue au fur et à mesure qu’on éloigne ces appareils des yeux et que cette luminescence est faible pour une utilisation de téléphone en position assise comparée à la position couchée.

 

L’effet de la stimulation psychologique et/ou physique :

Le contenu des médias, les interactions sociales liées à la connexion sur les réseaux sociaux peuvent différemment stimuler les jeunes et ainsi affecter différemment leur sommeil. Les interactions sur les réseaux sociaux, les notifications reçues ou la dépression/ l’anxiété lors des dérives sur ces réseaux sont autant de facteurs qui peuvent troubler le sommeil des jeunes.

 

 

Sources :

(1) Observatoire Régional de Santé, Le sommeil des jeunes franciliens à l’ère du numérique, un enjeu de santé publique largement sous-estimé, Janvier 2020. https://www.ors-idf.org/nos-travaux/publications/le-sommeil-des-jeunes-franciliens-a-lere-du-numerique.html